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Construire un meuble IKEA et trouver Dieu : l’illusion du mode d’emploi

9/8/2020

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Lecture de 5 minutes
 
Une troupe de soldats se perd lors d’une tempête de neige dans les Alpes et ne revient à la base que trois jours plus tard, alors que tout le monde les croyait morts. Ce qui les a sauvés ? Une carte qu’avait avec lui l’un des soldats.
 
Jusqu’ici tout va bien.
 
Le seul problème, c’est que lors du débriefing on se rend compte que la carte n’était pas celle des Alpes mais celle des Pyrénées…Elle avait pourtant bel et bien aidé les soldats à retrouver leur chemin.
 
Comment ?
 
Cette anecdote* est très éclairante car elle illustre bien notre rapport ambigu à la technique et aux modèles. Dans l’histoire des soldats, cette carte inadaptée les a aidés en les mobilisant autour d’un but commun et en leur servant de point de réflexion pour définir où ils étaient et où ils allaient. Ils auraient pu utiliser une autre carte, le résultat aurait probablement été le même.
 
Cette histoire est aussi une parfaite allégorie du management (et de la politique, et de la formation…), car tout notre rapport aux outils/méthodes/modèles est basé sur ce principe-là.
 
Être en vie c’est naviguer à vue dans un monde infiniment complexe que nos modèles ne peuvent jamais complètement appréhender : au même titre que la carte n’est pas le territoire, un test de personnalité ne pourra jamais rendre compte de toute la richesse et de la complexité d’une personne et un assessment ne pourra jamais donner une image exhaustive de la réalité d’une entreprise. Et même s’ils sont imparfaits, les modèles sont utiles car ils sont structurants : ils nous fournissent des points de repères et peuvent nous aider à nous orienter, à prendre des décisions, à nous mobiliser en nous donnant une direction.
 
Construire un meuble IKEA et trouver Dieu
 
Dans certains contextes ils sont nécessaires : je suis bien content d’avoir un mode d’emploi pour construire un meuble IKEA, ou une recette de cuisine pour préparer un gâteau. Dans les situations complexes ou lorsqu’ils touchent au développement de la personne ils sont beaucoup plus discutables, voire même dangereux : non, il n’existe pas 5 (ou 7, ou 12…) étapes pour être heureux (ou riche, ou libre…), pas plus qu’il n’existe de recette miracle pour « conduire une équipe vers le succès », « attirer la chance », « réinventer sa vie » ou « trouver Dieu ».
 
Les modèles sont tout puissants parce qu’ils répondent à notre besoin vital de réponses, de certitudes, et nous donnent un sentiment de maîtrise dans un monde chaotique, imprévisible et incertain. Même s’ils sont faux ils nous rassurent, comme les soldats dans la montagne. Ils sont structurants mais risquent de nous perdre de plusieurs manières :

  • En nous enfermant dans un mode de pensée (celui du modèle et de son auteur) : l’exemple typique est le test de personnalité qui nous fait voir la personne en 4 couleurs (ou en « 8 types », ou en « 12 motivations profondes ») et renforce nos biais de perception (nous n’arrivons plus à penser en dehors du modèle et nous ne voyons plus nos interlocuteurs qu’en 4 couleurs).
 
  • En s’érigeant en dogme : c’est le cas de nombreux modèles managériaux, religieux, de développement personnel (ou autre) dont les « adeptes » perdent tout sens critique. Le modèle devient une vérité en soi et l’on ne jure plus que par l’holacratie, le régime paléo ou la Scientologie…Le monde se divise alors en deux catégories, ceux qui adhèrent au modèle (les élus, ceux qui ont compris) et les autres (condamnés au doute, à l’errance et aux flammes de l’enfer).
 
  • En nous donnant un sentiment d’échec et en renforçant notre sentiment de culpabilité. Illustration par une anecdote personnelle : frustré et malheureux dans ma situation professionnelle, j’avais à l’époque acheté plusieurs ouvrages pour m’aider à « donner du sens à ma vie » et « redéfinir ma carrière ». Je m’y étais mis avec sérieux et application, mais rien ne marchait. Le temps passait et malgré tous mes efforts (j’étais très, très motivé à améliorer ma situation) je ne savais toujours pas quoi faire de ma vie et je culpabilisais : pourquoi est-ce que ça ne marchait pas pour moi, alors que tout semblait fonctionner pour les autres et paraissait si simple en théorie ? A force de ne pas réussir à appliquer les « recettes miracles » proposées dans ces méthodes, j’avais même commencé à perdre confiance en moi et à me sentir incapable. Cette expérience fut très éclairante et je vous la recommande si vous voulez tester les limites de la validité des « solutions magiques » (et si c’est le cas, un conseil, commencez par la littérature plutôt que d’investir dans des stages de développement personnel ou professionnel à des centaines – parfois des milliers - d’euros)
 
Nous avons besoin de modes d’emploi mais ceux-ci nous aveuglent et nous enferment (sauf chez IKEA). Voici enfin quelques recommandations pour les utiliser en préservant sa lucidité :
 
(Attention, ceci n’est pas une recette des « X étapes pour rester lucide face aux modèles » - sentez-vous libre de critiquer, compléter, réfuter la liste ci-dessous. Et si c’est le cas merci de laisser un commentaire, je serai ravi d’en discuter avec vous)

  • Gardez du recul et votre esprit critique : aucun modèle ne représente LA VERITE, même s’il vous rassure à un moment donné. N’hésitez pas par ailleurs à critiquer vos modèles préférés en définissant clairement leurs contours, leurs forces comme leurs limites.
 
  • Questionnez l’idéologie et les buts des concepteurs : quelles valeurs/visions du monde et de l’humain sont véhiculées par le modèle ? Quels buts cherchent-ils à atteindre ? Quels sont leurs intérêts dans cet outil ? Dans quel contexte historique/social ont-ils été créés ?
 
  • Ne vous arrêtez pas à un seul modèle. Ici la quantité prime sur la qualité, et encore une fois n’hésitez pas à les critiquer allégrement.
 
  • Construisez vos propres modèles. En étant clair par rapport à leurs forces et leurs limites, et sans les ériger en dogme.

_________________________________________________
 
* Relatée par le chercheur américain Karl E. Weick dans « Sensemaking in Organization » (1995) – et reprise par Fabien Giuliani dans son excellent article : https://www.linkedin.com/pulse/de-limportance-davoir-un-plan-nimporte-lequel-fabien-giuliani/?trackingId=HfTQ4HAJnjka%2FrCvX1RAUQ%3D%3D

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